Approche de l’économie de l’immatériel

Prolongeons quelque peu ces réflexions. Un nouvel univers de référence s’est donc créé voici un siècle porté par ces nouveaux médias que furent la radio, le cinéma et le disque. Puis vint la télévision. De 1920 à 1980, la société des mass media de l’époque industrielle et des années de la guerre froide fut au coeur d’une programmation faite pour séduire et flatter un public qu’il fallait rendre captif afin d’élargir l’audience et le rendement publicitaire qui, à la différence des journaux, faisait la quasi-totalité du chiffre d’affaire. La rupture avec la presse était déjà consommée : plus de frais de portage et de distribution, guère de stockage, sinon par un archivage qui permettra une indexation et la réutilisation de fragments de cette production. La possibilité donnée dès les années soixante de réaliser des émissions télévisées en direct, puis la diffusion d’images par satellite acheva de donner à ce système des médias son style contemporain : une extrême focalisation sur des animateurs et chroniqueurs phares, la récurrence d’émission sportives ou de variété, des messages consensuels indéfiniment répétés au long des bulletins d’information – et par conséquent une faible focalisation sur les réflexions minoritaires ou dissidentes, dont la présence est, au mieux, assurée sur certains canaux spécialisés ou reléguée à des horaires nocturnes, et le plus souvent rejetée du spectre des antennes légitimes pour se retrouver progressivement assurée par des associations alternatives liées à ce qui sera nommé « contre-culture » dans les années 1970.

Cette action militante fut essentielle : elle fit de l’engagement culturel et de l’individualisation des comportements les deux faces d’une révolution qui mettait en question le culte du travail et la soumission à l’ordre social des générations antérieures – marquées successivement par la crise de 1929 et ses suites, Pearl Harbor et le Débarquement de Normandie, le Maccarthysme et la guerre froide. Associée à une prospérité nouvelle et à la mobilisation de la jeunesse contre la guerre du Vietnam, la dynamique critique s’emparera du talent musical, de la dénonciation des hypocrisies sociales, de l’émancipation féminine, de l’accès de ces générations aux campus universitaires… La revendication de libertés sexuelles s’oppose frontalement au puritanisme, au moins en apparence. De même, les revendications issues du mouvement des droits civiques de Martin Luther King et d’autres leaders afro-américains, et celles venues des minorités gay des centres urbains finirent par créer les coalitions capables de surmonter les divisions les plus criantes des Etats-Unis au terme de deux siècle d’une histoire centrée sur les conquérants venus d’Europe et fantasmant un melting pot fortement idéologique.

Ce mouvement transforme les Etats-Unis. Il radicalise diverses formes d’autoorganisation et d’autonomie qui conjuguent les valeurs de l’individualisme avec de multiples initiatives et l’organisation de réseaux et de communautés. Fred Turner a raconté le parcours de Stewart Brand, dont le Whole Earth Catalog devint la bible du mouvement hippie en faisant voisiner des recettes agricoles avec la promotion d’innovations techniques renforçant l’autonomie de petites communautés. Selon cet auteur qui montre la filiation de la revue Wired avec cette époque, les mouvements geeks sont issus de la rencontre des communautés hippies avec les bricoleurs de l’informatique. Ceux-ci ont rêvé de l’informatique personnelle bien avant que l’internet n’existe et n’universalise la dissémination de technologies conçues tout d’abord pour les gros systèmes requis par les calculs militaire et spatiaux, la finance et le management. Ce retour sur l’histoire culturelle américaine fonde la « grande conversion numérique » (Doueihi, M., La grande conversion numérique, Le Seuil, 2008). Doueihi constate que cette technologie, pour se développer comme elle l’a fait, eut besoin de l’appui de convertis et de militants, d’expérimentateurs et de bricoleurs motivés. Les premiers systèmes d’exploitation disposaient en effet d’interfaces avec les utilisateurs particulièrement rébarbatives et arides, les machines manquaient  de mémoire vive et leurs disquettes souples apparentées aux microsillons de musique étaient le moyen principal d’entrer et de sauvegarder des données – pour l’essentiel des instructions et des textes… L’informatique personnelle s’est développée à proportion de ce que davantage d’individus se muèrent en prosélytes, retrouvant sans en avoir conscience les formes d’abnégation dans l’action pratiquées par certains mouvements spirituels. Ainsi comprend-on comment s’associèrent dans l’imaginaire de communautés autogérées et portées à l’utopie, une forme de revivalisme éthique de style communautariste et l’investissement de modèles technologiques alternatifs supposés conférer une meilleure autonomie aux groupes qui les emploieraient.

C’etait le temps du « Small is beautiful » par opposition au big business de Wall Street. L’ironie de l’histoire est de constater que cette orientation a donné lieu en Californie à la naissance de la Silicon Valley et des industries numériques qui ont assuré pour deux ou trois générations une nouvelle suprématie américaine qui n’est aujourd’hui que marginalement contestée, faite en grande partie de l’hybridation des investissements bénévoles des acteurs d’une économie de l’immatériel qui ne portait pas encore son nom. Les aspirations des premières générations des geeks américains furent donc intégrées à ce qui devait devenir la saga de l’informatique personnelle: les tâtonnements des débuts ont fait place peu à peu à la constitution de monopoles d’un genre nouveau, qui se situent à l’interface des usages cognitifs requis dans nos sociétés de la connaissance et de l’extraction de valeur rendue possible par la mobilisation des données personnelles. Nous retrouvons ici un nouvel agencement des relations entre le capitalisme des médias et l’économie exploitant les effets de réseaux rendus possibles par la gratuité initiale de biens dont l’usage partagé ne détruit pas la valeur, et l’augmente même parfois, comme la diffusion des musiques en ligne le montre à l’évidence. Mais avant d’en arriver là, il a fallu franchir les étapes de l’industrialisation des procédures d’accès et de la production de ces biens informatiques.

Ce fut en particulier l’opposition entre l’industrie du logiciel bureautique développée par Microsoft et l’aventure d’Apple autour de la création de machines intégrées dotées de systèmes d’exploitation ouverts pour permettre à la communauté des programmeurs d’améliorer les performances et de multiplier les applications. Initialement sous-traitant d’IBM, une entreprise qui n’a pas cru au développement des micro-ordinateurs et qui a fini par vendre sa division PC (personal computer) à Lenovo, Microsoft a surfé sur la qualité des microprocesseurs Intel et créé des standards permettant à tout constructeur d’implémenter son MS/DOS sur ses machines et de créer un marché de masse pour ses logiciels intégrés sous Windows qui en est le développement. Microsoft laissant jouer la concurrence pour fabriquer les ordinateurs, l’entreprise de Bill Gates fit les beaux jours de Compaq, Dell et autres Hewlett-Packard qui assuraient le développement d’un marché captif pour les logiciels de Microsoft, dont le succès dure depuis maintenant près de cinquante ans. Ce succès est relayé aujourd’hui par le Cloud computing et les effets potientiels du rachat du réseau LinkedIn tandis que Microsoft s’est retiré de la téléphonie après des pertes considérables.  

L’histoire d’Apple est bien différente. Les interfaces graphiques d’Apple et les logiciels Adobe (Photoshop) qui les utilisaient au mieux parvinrent à maintenir le crédit de ce constructeur pionnier qui a créé d’emblée un système complet intégrant les programmes et les machines. Ce ne fut pas sans mal et Apple est passé au bord de l’échec industriel complet à une période où Steve Jobs avait quitté l’entreprise. La demande pour les machines Apple se maintenait toutefois dans les entreprises de presse et d’édition, les milieux de la mode et du cinéma – ainsi qu’auprès de nombre d’étudiant séduits par les machines de bureau « tout en un » qui anticipaient le développement des ordinateurs portables. Il faut rappeler que les PC étaient initialement de lourdes machines encombrantes, exigeant des cables entre leurs éléments : les machines Apple étaient dotées d’une puissance supérieure et se passaient de cables. Elles avaient cependant de temps à autre des instabilités de calcul qui bloquaient trop fréquemment et trop longtemps les systèmes d’exploitation. Sous la direction de Jobs revenu à la tête de l’entreprise, celle-ci changea radicalement son modèle économique : le développement de puissants systèmes associant des processeurs à plusieurs coeurs et des programmes intégrés devait justifier la fermeture du système d’exloitation et hausser la qualité générale, même si la réputation de la firme auprès des développeurs devait en pâtir. Steve Jobs se ralliait ainsi aux processeurs développés par Intel, ce qui permettait de maintenir une certaine parité du rapport entre les performances et le prix public face à la standardisation des assembleurs travaillant avec Microsoft. Le pari fut gagné avec la création et la multiplication des applications en ligne (AppStore) et le lancement de l’i-phone en 2007. Dorénavant, l’informatique nomade créait son écosystème. La firme connut une résilience industrielle unique après le retour de Jobs dans la société en 1997. Certes, les développements du système Android de Google ont bloqué sa croissance dans les smartphones et la qualité des écrans Samsung a permis au Coréen de conquérir une part importante du marché des tablettes et téléphones sous Android. Mais l’entreprise reste fidèle à sa logique d’innovation centrée sur l’anticipation de nouvelles manières de se connecter.

L’esprit geek a ainsi fait place à des aventures industrielles qui ont changé la planète. L’empowerment des individus et des groupes organisés a en effet accompagné les soixante dernières années : l’association des modes culturelles aux techniques de production de biens immatériels en a été le coeur. La révolution numérique est celle des produteurs autonomes et des travailleurs freelance ou en réseau dans nombre des secteurs à haute valeur ajoutée. La mondialisation ne peut pas être comprise si nous ne réfléchissons pas à ce qui sera bientôt nommé « capitalisme cognitif », en particulier par Yann Moulier-Boutang dans son article pionnier de 2001 Richesse, propriété, liberté et revenu dans le « capitalisme cognitif » (http://www.cairn.info/revue-multitudes-2001-2-page-17.htm). Bien évidemment, publié au moment même de la chute des valeurs Internet à la bourse de New York et à la veille des attentats du 11 Septembre 2001 qui allaient durablement assécher les facilités de financement des start-up, cet article peut sembler faire preuve de naïveté en exposant que le régime de propriété des biens immatériels ne peut plus se contenter des modèles issus du capitalisme industriel et pourrait s’orienter vers diverses formes de revenus d’existence ou d’allocation universelle. Reste que cette thèse est à la fois fidèle à l’esprit des pionniers du Web et périodiquement assumée par divers acteurs de l’économie immatérielle.

La société du public

Voici déjà longtemps que je m’inspire des travaux de John Dewey pour penser les questions relatives à l’espace public des médias. La lecture de Le Public et ses problèmes (Dewey, John, Le public et ses problèmes, Publications de l’université de Pau/Farrago/LéoScheer, 2003 – depuis repris en Folio/Gallimard) faisait écho à mes réflexions concernant l’articulation etntre la pensée politique et les questions d’édition. Aux côtés des Temps Modernes, cet ouvrage ma été pécieux pour penser la notion d’éditorialisation que je devais développer par la suite. J’ai contacté la traductrice de ce texte, Joëlle Zask, depuis devenue une grande amie. J’eus ainsi l’occasion de réaliser une double lecture de ce texte.

Par un côté, il anticipe sur nombre des pensées européennes de la culture, par exemples celles effectuées par Adorno et Horkheimer à propos de la banalisation des actes de consommation qui accompagnent ce que Walter Benjamin nomme la « perte de l’aura ». Sa postérité pourrait englober le texte fondateur de Bourdieu « Un art moyen, la photographie ».

Cependant les auteurs européens peinent à prendre la mesure du bouleversement qu’induisent les médias pour le statut des cultures populaires. En liant la grande popularité du jazz à la diffusion radiophonique la plus commerciale, Adorno touche certes un point sensible – la mise en équivalence de tous les stéréotypes culturels et l’abandon parallèle de toute exigence intellectuelle. Et il est vrai que toute création qui ne se laisse pas saisir sur l’instant et ne peut devenir un slogan autoréférentiel – Ceci n’est pas une pipe – cesse tout simplement d’exister. Ainsi les médias ont-ils engendré des « playslists » qui rendent inopérantes les efforts éditoriaux pour diffuser des formes dont les qualités ne se révèlent pas dès le premier contact.

Mais d’un autre côté, Adorno manque deux faits majeurs nés aux Etats-Unis voici un siècle. Les sociétés de masse ont intégré des empreintes culturelles renvoyant à une pluralité de formes d’existence. La concurrence des médias pour capter l’attention de publics anonymes et distants a engendré une démultiplication jamais vue des formes de l’entertainment à mesure que se diversifient les canaux de diffusion et les modes d’accès à leur produits. La consommation gratuite (à la radio, qui lance la formule) ou à bas coût change les références. Le movie theater presente des films pour un public qui n’accède pas aux salles de spectacles de répertoire et qui habite de petites villes. Il voisine avec le cirque pour attirer un public populaire, et cette culture se déclinera aussi sur papier avec les bandes dessinées ; les prouesses des gymnastes, les trucages des comédiens et les intrigues des héros de fiction créeront un monde de feuilletons dans lequel les conventions et le suspense sont étroitement liés.

L’expression la plus accomplie de cette culture de masse d’avant les ordinateurs est l’essor du disque microsillon. Prolongeant la diffusion radiophonique gratuite et permettant aux producteurs d’assoir leur modèle économique, le disque de vinyle offre à des millions de gens le plaisir de se constituer une collection à laquelle on prête la vertu de refléter la personnalité de son propriétaire. Bien évidemment, l’idée même de collection choquera les esprits cultivés : ne s’agit-il pas d’accumuler des copies industrielles quand l’esthète ne jure que par des raretés ou des curiosités ? Mais ces serait oublier la part d’identification et le besoin de reconnaissance qui sont au principe des cultures contemporaines, cet individualisme consommateur de signes d’appartenance, de même qu’on soutient un club de foot et qu’on se passionne pour le spectacle d’une compétition sportive. Ces distinctions inspireront à Pierre Bourdieu ses analyses les plus fines. Le devenir-stéréotype des créations les plus hautes était d’ailleurs annoncé dès les débuts de l’art moderne européen, chez Marcel Duchamp, Man Ray ou Salvador Dali, en dépit de la résistance des créateurs les plus inspirés, et le pop-art devait bientôt faire du geste créateur lui-même une action stérotypique par nature, ainsi chez Andy Warhol.

Mais c’est justement ici le second terme de cette lecture. Les analyses de John Dewey sont centrées sur la formation du public, indispensable pour éviter à la démocratie américaine d’être détournée de ses orientations civiques par la toute puissance des annonceurs et d’une consommation tournée vers un individualisme segmenté déjà perceptible dans les années folles. Les photos de l’époque indiquent les contrastes sociaux de la manière la plus crue en représentant le mode de vie des différentes catégories d’Américains. Au coeur de la démarche de Dewey, il y a l’idée d’une activité personnelle indissociable de l’usage des techniques mises à la disposition par les industries. S’il était presque impossible de prendre le contrôle des industries mécaniques, les industries culturelles, à proportion de ce qu’elles exigent l’attention pérenne du grand public, donnent prise sur certains de leurs aspects. Les radios ont vite compris comment se servir du téléphone pour inviter leur public à contribuer à leur programmation. Et les listes des meilleures ventes ont été un moyen de pilotage permettant de répliquer des succès ou de prévoir des variations destinées à des publics bien identifiés.

Dès les années vingt, si nous nous tournons vers le mouvement surréaliste, cette idée de la réappropriation des gestes culturels par tout un chacun se diffusa rapidement : des cadavres exquis aux photomatons permettant des grimaces, sans oublier l’enchantement célébré par André Breton des trouvailles faites aux marchés aux puces ou celui éprouvé de manière récurente par les photographes amateurs qui développent eux-mêmes leurs clichés, toute la gamme des plaisirs culturels s’offre à tous ceux qui disposent d’un peu de temps libre. Ces pratiques disent une relation à la liberté personnelle. A défaut de modifier radicalement les rapports sociaux, ces activités attirent une partie des investissements des grandes sociétés vers la consommation de masse : électro-ménager, voitures et objets connectés sont des marchés tournés vers le consommateur dont le pouvoir d’achat augmente à mesure que lui sont offertes des possibilités plus larges de pénétrer des catalogues de produits.

Franchissons un pas de plus : se saisir des médias nouveaux, c’est aussi implanter une radio d’amateur, rejoindre un club photographique ou un groupe de cinéphiles. Si les « fans » sont captifs des programmateurs – dont on ne niera pas la capacité à promouvoir de vais talents, certains sont parvenus à créer des cultures alternatives et à reprendre à leur compte certains des traits des nouveaux espaces culturels. Bricoler des films, monter des émissions de radio, bientôt ouvrir un blog ou poster sur YouTube sont devenus autant de formes de réinterprétation des modes médiatiques. Cette orientation vers le « do-it-yourself » a été bien identifiée chez un auteur comme Fred Turner (Turner, F., Aux sources de l’utopie numérique, Caen, C&F editions, 2012 [2006]) comme une composante indispensable de la création et de la diffusion de l’informatique personnelle.

Cela se fit par étapes. Dans le second après guerre, des artistes qui se sont rencontré notamment à l’Ecole Black Mountain où Dewey a enseigné, tels John Cage ou Calder, ont saisi le potentiel de formations aléatoires, de formes ouvertes et parfois participatives pour stimuler un imaginaire actuel qui ne cultiverait pas la nostalgie d’un art aristocratique toujours lié au « mérite social » et peu intégratif. Ils établissent de nouvelles normes pour des arts expérimentaux, qui déboucheront bientôt sur des expressions comme les performances et l’art vidéo.

Mais ils répondaient aussi à une sensibilité qui faisait de l’identification du public avec les personnages de fiction ou les vedettes de la chanson une tendance avérée et comprise partout. C’est ce qu’ont réussi en France Jacques Prévert, Boris Vian ou Raymond Queneau en littérature. On citera le cinéma d’où emergent les figures de Jean Gabin et de Simone Signoret ou d’Yves Montand, et bien sûr en chanson les générations des artistes « à texte » qui firent les grandes heures de la radio : Georges Brassens et Jean Ferrat, Mouloudji et Barbara, Edith Piaf et Juliette Gréco incarnent de nouvelles sensibilités populaires qui seront saisies, de l’autre côté de la Manche par Les Beatles ou les Rolling Stones avant que David Bowie ne sublime un genre qui se fit une place aux Etats-Unis au sein des cultures urbaines des populations d’origine européenne avant de trouver aussi des représentants exceptionnels issus des cultures afro-américaines comme Stevie Wonder ou Michael Jackson.

Avant de présenter quelques pages de John Dewey, constatons ainsi que les phénomènes associés à la culture de masse ont transformé depuis un siècle les principaux aspects de la vie sociale: il est impossible de décrire les cultures numériques sans saisir ce tournant dans les modèles économiques fondés sur la consommation de masse et une curiosité qui s’accompagne d’une forme d’expertise concernant les catalogues de productions disponibles, dont le déploiement actuel dépasse tout ce qu’un John Dewey pouvait imaginer, en acclimatant par avance ce que Milad Doueihi a nommé la dimension anthologique de la culture numérique.