In Platonis Phaedrum Scholia: 242e3-243a1

εὐήθης, ἀστεῖος, ἔρως

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Σωκράτης
εἰ δ᾽ ἔστιν, ὥσπερ οὖν ἔστι, θεὸς ἤ τι θεῖον ὁ Ἔρως, οὐδὲν ἂν κακὸν εἴη, τὼ δὲ λόγω τὼ νυνδὴ περὶ αὐτοῦ εἰπέτην ὡς τοιούτου ὄντος: ταύτῃ τε οὖν ἡμαρτανέτην περὶ τὸν ἔρωτα, ἔτι τε ἡ εὐήθεια αὐτοῖν πάνυ ἀστεία, τὸ μηδὲν ὑγιὲς λέγοντε μηδὲ ἀληθὲς σεμνύνεσθαι ὡς τὶ ὄντε, εἰ ἄρα ἀνθρωπίσκους τινὰς ἐξαπατήσαντε εὐδοκιμήσετον ἐν αὐτοῖς.

Socrate
Si donc Éros est - comme il l'est - un dieu ou s'il a quelque chose de divin, il ne peut être mauvais, mais il l'était selon les deux discours qui viennent d'être faits à propos de lui; ils ont donc péché contre l'amour; mais leur bêtise était très raffinée, ne disant ni des choses cohérentes ni vraies, ils s'exaltent comme s'ils étaient quelque chose, si en trompant quelques petits hommes, ils se font auprès d'eux une réputation.

Platon, Phèdre, 242e3-243a1

La démonstration de Socrate est presque une tautologie: si Éros est un dieu, il ne peut pas être quelque chose de négatif. Donc les discours qu’on vient de faire sont faux et, puisqu’ils insultent un dieu, ils sont impies.

Les discours, Socrate l’a dit, sont stupides: εὐήθης. Nous avons vu que cette stupidité neutralise la possibilité d’interpréter le mot δεινός de façon positive: ils sont simples, gentils et attendus. Socrate rajoute ici une autre caractérisation oxymorique: leur stupidité (εὐήθεια) est raffinée ou mieux citadine (ἀστεῖος). Un autre oxymore, comme celui qui opposait δεινός à εὐήθης. Le mot ἀστεῖος avait été utilisé pour parler du discours de Lysias. C’est un discours “branché”, citadin, et donc élégant. Mais cette élégance est vide et vulgaire, c’est juste à la mode.

Autre contradiction: Socrate, qui ne veut pas sortir des murs de la ville, Socrate le citadin par excellence snobe le fait d’être citadin. Car être citadin peut avoir deux sens: vouloir apprendre des autres êtres humains ou vouloir juste les courtiser, les flatter pour en obtenir la reconnaissance. Ce ne sont pas des êtres humains à proprement parler donc ceux qui sont visés par ces discours branchés et vides, mais des homuncules (ἀνθρώπιον). Obtenir d’eux un peu de reconnaissance n’a donc rien de glorieux.

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