In Platonis Phaedrum Scholia: 242d8-9

ἔρως

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Σωκράτης
τί οὖν; τὸν ἔρωτα οὐκ Ἀφροδίτης καὶ θεόν τινα ἡγῇ;
Φαῖδρος
λέγεταί γε δή.

Socrate
Et quoi donc? Ne penses-tu pas que l'amour est le fils d'Aphrodite et un certain dieu?
Phèdre
C'est ce qu'on dit.

Platon, Phèdre, 242d8-242d9

L’amour, dont on a jusqu’ici parlé mal, est en réalité un dieu. Voilà la cause du blasphème. Les discours de Lysias et de Socrate sont horribles parce qu’ils ont oublié cette vérité fondamentale et ont insulté un dieu.

Soulignons-le, même si c’est évident: le mot ‘amour’, ἔρως, désigne aussi le dieu. Le concept et le dieu sont une et une seule chose. D’où une certaine difficulté de traduction, car le texte signifie à la fois: “Amour est le fils d’Aphrodite” et “l’amour est le fils d’Aphrodite”. En réalité ici le texte semble plutôt suggérer la seconde possibilité, car on trouve l’article devant “amour”: τὸν ἔρωτα. L’amour donc et non pas Amour.

Il est donc intéressant de constater que c’est le concept, le sentiment, qui est le fils d’Aphrodite et que c’est donc ensuite que ce sentiment devient un dieu - et devient donc “Amour”. La divinisation de l’amour semble ne pas aller de soi, en tout cas: Socrate utilise l’expression “θεόν τινα”, un certain dieu, ou alors, un dieu, en quelque sorte.

Et la réponse de Phèdre nous renvoie presque au Banquet: on dit que l’amour est une sorte de dieu, oui, on l’a dit.

ἔρως scholia