In Platonis Phaedrum Scholia: 231b10-231c8

περὶ πολλοῦ ποιέω, περὶ πλείονος ποιέω

Lire les autres billets de la série

Φαῖδρος
ἔτι δὲ εἰ διὰ τοῦτο ἄξιον τοὺς ἐρῶντας περὶ πολλοῦ ποιεῖσθαι, ὅτι τούτους μάλιστά φασιν φιλεῖν ὧν ἂν ἐρῶσιν, καὶ ἕτοιμοί εἰσι καὶ ἐκ τῶν λόγων καὶ ἐκ τῶν ἔργων τοῖς ἄλλοις ἀπεχθανόμενοι τοῖς ἐρωμένοις χαρίζεσθαι, ῥᾴδιον γνῶναι, εἰ ἀληθῆ λέγουσιν, ὅτι ὅσων ἂν ὕστερον ἐρασθῶσιν, ἐκείνους αὐτῶν περὶ πλείονος ποιήσονται, καὶ δῆλον ὅτι, ἐὰν ἐκείνοις δοκῇ, καὶ τούτους κακῶς ποιήσουσιν.

Phèdre
Et encore si la raison de tenir en grand compte ceux qui aiment est que ceux-là affirment qu'ils adorent leurs aimés et qu'ils sont prêts, avec les paroles et avec les actes, pour faire du bien aux aimés, à se faire haïr par les autres, il est facile de comprendre, s'ils disent vrai, que lorsqu'ils en aimeront un autre, ils le préféreront au premier, et il est clair que, si celui-là le veux, ils feront du mal aussi à ceux qu'ils ont aimés avant.

Platon, Phèdre, 231b10-231c8

“Et encore”: un autre argument à additionner en faveur des non amoureux. Et il s’agit encore d’un calcul mathématique ou en tout cas de quelque chose de mesurable: combien de considération a quelqu’un pour quelqu’un d’autre. Le “tenir en grand compte” (περὶ πολλοῦ ποιέω) est confronté au “tenir en plus grand compte” (περὶ πλείονος ποιέω). Et l’argument est croisé en un chiasme: on tient en grand compte les amoureux qui par contre risquent de tenir en plus grand compte quelqu’un d’autre. L’amour est éphémère. Lysias ne l’a pas défini, mais, encore une fois, il peut faire appel au bon sens commun. On sait qu’on aime aujourd’hui et que demain on n’aime plus. On sait aussi que demain on peut aimer quelqu’un d’autre et donc le tenir en plus grand compte que celui qu’on aimait hier. Et encore une fois on fera du bien à celui qu’on tient en plus grand compte, même si cela voulait dire qu’il faut faire du mal aux autres.

L’amour de Lysias commence à se caractériser de façon claire et reconnaissable. S’il n’a pas été défini, cela ne signifie pas qu’il n’est pas bien compréhensible. Nous savons parfaitement de quoi il parle. C’est la force de son discours, qui arrive à mobiliser encore aujourd’hui, deux mille quatre cents ans plus tard, nos convictions. Il est évident qu’un accord contractuel qui vise à préserver les intérêts des deux parties est plus fiable qu’un sentiment. N’est-ce pas le fondement même du mariage et de toutes les sociétés qui se basent sur cette institution?

περὶ πολλοῦ ποιέω, περὶ πλείονος ποιέω scholia