Ce qui pourrait être autrement: contre la démocratie représentative

anarchie, démocratie, Enrico Malatesta

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La démocratie représentative est probablement parmi les pires formes d’organisation politique.

En premier lieu, le fait que quelqu’un cherche le pouvoir - en se portant candidat - est une excellente raison pour ne pas le lui donner. En plus, dans le cas de la démocratie représentative, les personnes qui cherchent le pouvoir ne sont même pas capables de le prendre - comme dans le cas d’un prince à la Machiavelli - elles s’abaissent à le mendier auprès des masses et pour l’obtenir sont donc prêtes plus ou moins à tout. Le principe est celui du consensus: donnez moi du pouvoir s’il vous plaît, je ferai tout ce que vous voulez.

Mieux vaut une monarchie héréditaire absolue, ou au moins on a des chances, quoique très faibles, que le hasard nous donne un bon roi ou une bonne reine.

Mais les policitien.ne.s démocratiques sont nécessairement mauvais.es: la seule caractéristique de ces petites bêtes politiques est une ambition médiocre et obtuse. Aucune valeur ne résiste à la recherche du pouvoir en démocratie représentative: toute conviction tombera devant la nécessité de recevoir des votes. Aucun choix clairvoyant et courageux ne pourra être fait, car ce choix ne trouvera jamais le consensus.

En deuxième lieu: la masse, dans une démocratie représentative, est destinée à rester masse: statistique, pourcentage, poids d’un consensus imbécile et ignorant, qui suit les aléas de la mode, ou de l’alternance. L’important est que la masse ne soit surtout pas capable de comprendre les vrais enjeux, car si c’était le cas elle n’aurait plus besoin de représentants. Donc le principe est de garder le peuple dans l’ignorance la plus totale. La démocratie représentative est toujours déjà une démagogie institutionnalisée.

Les élections sont ces grands moments de délire médiatique, le show de téléréalité le plus grotesque, où une masse abrutie se réjouit ou s’attriste de la victoire de son équipe et de ses couleurs - comme au stade -, ce qui permet d’oublier et d’enterrer à jamais les enjeux politiques. On transforme les véritables questions qui concernent directement les collectifs en discours généraux, vains et banaux, sans aucun lien avec la réalité sociale et politique et on s’amuse dans une joute qui déplace dans une abstraction immatérielle les enjeux politiques les plus urgents. Et ensuite, après ce petit spectacle tristounet, on continue à faire la même chose qu’avant - car de toute manière peu importe qui sera au pouvoir, les décisions importantes sont déjà prises ailleurs, dans les équilibres économiques délicats, complexes qui régissent notre monde ultracapitaliste et qui nous échappent complètement - et surtout qui échappent encore plus aux élu.e.s dont la compréhension politique n’est pas plus fine que celle d’une personne quelconque.

Actuellement nos démocraties sont juste le petit jouet de quelques politicien.ne.s narcissiques qui crois avoir du pouvoir, mais qui en réalité ne fait que servir - sans en avoir aucune réelle compréhension - les intérêts du marché.

Mais voyons donc, direz-vous, de toute manière il n’y a pas d’alternative!

Bah justement. Arrêtons de penser que tout va bien dans le meilleur des mondes. Si, il y a des alternatives si on refuse un pouvoir central et transcendant et qu’on organise nos sociétés par le bas. Car chacun.e connaît bien les enjeux et les besoins de son milieu de vie et des collectifs qu’il/elle fréquente et dans lesquelles il/elle agit. Les étudiants et les profs sont capables de prendre des décisions ensemble pour bien administrer l’université, bien mieux qu’un.e ministre qui n’a aucune idée de ce qu’est une université. Les médecins et le personnel soignant sont capables - on l’a vu pendant la dernière année - d’organiser et de gérer leurs services et l’État n’a fait qu’entraver leur travail.

Que serait beau un monde sans politicien.ne.s.

Concluons avec un beau passage d’Enrico Malatesta (tiré de Democrazia e anarchia, paru dans “Pensiero e volontà”, 15 mars 1924, republié dans E. Malatesta, Bakunin e altri scritti sulla storia dell’anarchia, Datanews, Roma 2004):

“Governo di popolo” no, poiché questo supporrebbe ciò che non si verifica mai, cioè l’unanimità delle volontà di tutti gli individui che costituiscono il popolo. Dunque ci si accosterà di più alla verità dicendo: “governo della maggioranza del Popolo”. Si prospetta quindi di già una minoranza che dovrà ribellarsi o sottomettersi alla volontà altrui. Ma non avviene mai che i delegati al potere dalla maggioranza del Popolo sieno tutti dello stesso parere su tutte le questioni. Quindi bisogna ancora ricorrere al sistema della maggioranza e perciò ci avvicineremo ancora un po’ alla verità dicendo “governo della maggioranza degli eletti dalla maggioranza degli elettori”. Il che incomincia già assomigliare forte ad un governo di minoranza.

E se poi si considera il modo come si fanno le elezioni, come si formano i partiti politici ed i gruppi parlamentari e come si elaborano e si votano e si applicano le leggi si comprende facilmente quello che è già provato dall’esperienza storica universale che anche nella più democratica delle democrazie è sempre una piccola minoranza che domina ed impone con la forza la sua volontà e i suoi interessi. Dunque chi vuole davvero il governo di popolo nel senso che ciascuno possa far valere la sua volontà, le sue idee, i suoi bisogni deve fare in modo che nessuno, maggioranza o minoranza che sia, possa dominare sugli altri, vale a dire deve volere l’abolizione del governo, cioè di qualunque organizzazione coercitiva, e la sua sostituzione con la libera organizzazione tra quelli che hanno interessi e scopi comuni.

Pas le “gouvernement du peuple”, car cela supposerait ce qui ne se produit jamais, à savoir l’unanimité des volontés de tous les individus qui constituent le peuple. Nous nous rapprocherons donc de la vérité en disant : “le gouvernement de la majorité du peuple”. Il est alors déjà prévu qu’une minorité devra se rebeller ou se soumettre à la volonté des autres. Mais il n’arrive jamais que les délégués au pouvoir de la majorité du peuple soient tous du même avis sur toutes les questions. Nous devons donc encore recourir au système majoritaire et nous nous rapprocherons donc un peu plus de la vérité en disant “gouvernement de la majorité des élus par la majorité des électeurs”. Ce qui commence déjà à ressembler fortement à un gouvernement minoritaire.

Et si l’on considère ensuite comment se déroulent les élections, comment se forment les partis politiques et les groupes parlementaires et comment sont rédigées, votées et appliquées les lois, on comprend aisément ce qui a déjà été prouvé par l’expérience historique universelle : même dans la plus démocratique des démocraties, c’est toujours une petite minorité qui domine et impose sa volonté et ses intérêts par la force. Par conséquent, celui qui veut vraiment le gouvernement du peuple, en ce sens que chacun puisse faire valoir sa volonté, ses idées, ses besoins, doit veiller à ce que personne, que cela soit la majorité ou la minorité, ne puisse dominer sur les autres, c’est-à-dire qu’il doit vouloir l’abolition du gouvernement, c’est-à-dire de toute organisation coercitive, et son remplacement par une organisation libre entre ceux qui ont des intérêts et des buts communs.

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