Virtuel et philosophie
Réflexions pour une resémantisation du concept de virtuel. Une autre conférence sur le concept de virtuel. Le 24 octobre 2006 à la Sorbonne.
Dans le cadre du Groupe de recherches théoriques dirigé par Denis Guénoun
Une grande partie de la philosophie du XXème siècle s'est efforcée de libérer la "pensée" de l'abstraction qui la caractérisait depuis Descartes.
L'opposition entre corps et pensée semble avoir été le premier obstacle à dépasser pour ne pas tomber dans l'erreur que Merleau-Ponty appelait "pensée de survol", à savoir : une pensée qui, se prétendant omnisciente, finirait par glisser sur le monde sans en saisir la signification la plus profonde.
Pour éviter cet écueil, plusieurs philosophes ont essayé de rendre la pensée concrète en la replaçant dans le monde. C'est notamment l'idée heideggerienne d'Être-là.
Mais comment envisager ce retour au monde après le surprenant développement de ce que l'on appelle "le virtuel" ?
Ce concept semble avoir causé une crise de l'idée même d'être-là à cause de sa force déterritorialisante.
Avec le virtuel, on ne peut plus être-là, on est toujours "hors-là", comme Michel Serres le montre de façon très convaincante.
Voilà pourquoi une interrogation radicale sur le sens du concept de virtuel s'avère de plus en plus nécessaire et urgente.
Comprendre la signification profonde du terme ne sera pas seulement un moyen fondamental pour interpréter notre quotidien après le changement engendré par la naissance et la diffusion des nouvelles technologies, mais sera surtout un passage obligé pour revenir à la question du rapport entre corps et pensée, entre activité et passivité, entre sujet et objet.
Les idées développées lors de cette conférence ont été à la base de mon texte publié dans Pourquoi des théories ? chez Les solitaires intempestifs