Transcan16 - j. 9

Éditorialiser signifie structurer l'espace où nous vivons. L'éditorialisation est une sorte de récit spatial: elle relie entre eux des objets, des choses en créant entre elles des relations.
Dans ce sens, l'autoroute est une forme d'éditorialisation. Les infrastructures sont une partie du dispositif d'éditorialisation. Et ces infrastructures sont - au même titre - des routes, des aménagements urbains, des moyens de transport... et des plateformes numériques.
Au fur et à mesure que ce voyage avance, je me rends de plus en plus compte du fait qu'il n'y a strictement aucune différence entre Google Maps et les routes: les deux font partie du même dispositif de production de l'espace. Et avec les routes, comme avec les pédales de notre Dodge, comme avec nos cellulaires et tablettes, nous interagissons dans nos mouvements, mouvements qui, eux aussi, font partie du dispositif de création de l'espace. Notre façon de l'appréhender passe par l'état de la route, le paysage, la vitesse de la voiture, la disponibilité ou pas d'une connexion, le type de livres que nous sommes en train de lire, les interactions qui se font dans la voiture entre Jeanne, Marie-Christine, Hélène, A. et moi...
Aujourd'hui nous nous sommes arrêtés à l'Université de Regina, en quête de la librairie universitaire, dans laquelle, grâce aux conseils de Jeanne et aussi grâce à une disposition intelligente des ouvrages, nous avons continué à enrichir notre bibliothèque mobile avec des auteurs locaux.
Et les 800 kilomètres que nous avons parcourus ont encore été colorés par l'histoire de Paddon, le protagoniste du Cantique des plaines de Nancy Huston qu'Hélène nous lit à voix haute quand A. le permet.
On a perdu une des heures qu'on avait gagnées à l'aller, autre infrastructure institutionnelle qui rythme notre voyage, en nous obligeant à nous arrêter si nous voulons manger un burger avant que tout soit fermé - et oui, nous voulons décidément manger ce burger...
Le parking de l'Econolodge de Winnipeg est plus bruyant que celui du Motel 6 et nous avons perdu le calme presque mystique des plaines du Saskatchewan.
Oui Servanne, les parkings peuvent devenir un bon endroit pour accueillir les réflexions de l'équipe de la Chaire !