Transcan16 - j. 8
Nous sommes repartis ce matin de Calgary. Avec un équipage différent - mais finalement de quel équipage suis-je en train de parler? Dans la voiture, en effet, nous sommes, Hélène, A. et moi, accompagnés par Jeanne et Marie-Christine et nous avons laissé Erwan et Julie qui rentrent en avion. Mais, si on veut être plus précis, ce voyage nous sommes en train de le faire en compagnie de beaucoup plus de personnes. Nous sommes en train d'éditorialiser la transcanadienne et, comme j'ai pu l'affirmer à plusieurs reprises (par exemple ici), l'éditorialisation est toujours une dynamique collective et le collectif qui en est le protagoniste est toujours ouvert.
Cette expérience démontre bien ma thèse. Il y a en effet un groupe initial, qu'on peut - tant bien que mal - essayer d'identifier. Ce projet naît d'un groupe d'amis - et aussi collègues - qui, il y a un an, devant un verre de vin - ou plutôt quelques bouteilles - avait imaginé ce voyage. Déjà il serait difficile de délimiter ce groupe. Il y avait Michael, Peppe, Hélène, Jean-François et l'autre Hélène... Après il y a eu Marie-Christine, Servanne, Emmanuel, Julie, Erwan, Claire, Nicolas, Fabrice, tout le groupe de la Chaire. Mais les personnes impliquées ne se limitent pas à cette équipe. Que serait ce voyage sans Benoît, François, Victoria, Geoffrey et toutes les autres personnes qui ont écrit des tweets, des mails, des textos ou qui ont commenté notre voyage? Et encore, que serait ce voyage sans tout l'imaginaire qui a été produit avant nous et qui nous accompagne dans notre caisse de livres - qui augmente de taille chaque jour -, dans nos cellulaires, dans nos tablettes et dans nos ordinateurs? Et que serait ce voyage sans les plateformes dont nous nous servons (Twitter, Instagram, Wikipédia, Tumblr, Google maps, Openstreetmaps...). Nous participons à l'éditorialisation de la transcanadienne et nous nous rendons compte du fait qu'il s'agit d'une dynamique ouverte et inclusive, qui accueille à l'infini des personnes, des projets, des discours, des images, des plateformes et des algorithmes... L'appropriation de cet espace est un processus ouvert et collectif et seulement en acceptant cette ouverture nous pouvons en devenir les acteurs. Toute tentative d'individuation exclusive est destinée à l'échec - ou à une récupération commerciale.
Dans l’énième parking de motel, voici les réflexions. qui me viennent à l'esprit en regardant les plaines et leur ciel qui, en effet, semble tellement plus grand que le ciel que j'ai l'habitude de regarder.