Transcan16 - j. 4
Nous sommes arrivés - et pourtant j'ai l'impression et l'espoir que ce n'est qu'un début.
Nous sommes arrivés à Calgary après avoir traversé les plaines qui la séparent de Regina, en découvrant des paysages changeants, des couleurs incroyables, des visions étonnantes.
Dans la voiture, nous essayons de préparer notre communication pour demain et nous nous rendons compte du fait que chacun a eu sa propre perception de cette expérience. Le numérique est très présent - selon ma perception. Toujours là. Cet espace que j'espérais trouver vide, non couvert par la connexion, non cartographié, est hanté par le numérique. Nous avons eu presque toujours une connexion.
Julie était étonnée par le fait opposé: justement qu'il n'y ait pas souvent de connexion et qu'on se soit retrouvé parfois dans l'impossibilité d'avoir les informations que nous cherchions.
En tout cas, on constate un décalage entre le discours de couverture totale du numérique et la réalité. La promesse de couverture totale n'est qu'un leurre. Dans mon cas, plus que le manque de connexion, c'est le fait que l'espace parcouru ne s'épuise jamais, qu'il y a toujours de nouvelles choses à dire, à penser, c'est cela qui me fait refuser la prétendue capacité d'épuisement du numérique. Et que, en plus, en le traversant, nous contribuons à ajouter encore des choses - nos récits, nos histoires. Le numérique est notre espace car c'est l'espace que nous pouvons produire en le lisant. Le numérique n'est pas destiné à épuiser, mais à remplir, toujours à nouveau. Et ce remplissage ne doit et ne peut jamais être une réduction. On lit et on écrit l'espace, en essayant de différencier les outils, de les forcer, de les détourner. Nous apprenons ainsi qu'il n'est pas facile de placer nos productions sur notre carte Openstreetmap, et que même Google Maps nous pose des problèmes. La promesse de facilité - qui est au cœur du discours de l'industrie - est un autre leurre. Si nous voulons être acteurs de l'espace que nous habitons et éviter de le subir tel qu'il se fait produire par une plateforme comme Google Maps, il faut y mettre de la bonne volonté - et aller lire les documentations des différentes API.
Il nous restent nos préjugés, de touristes du west.
Et il nous reste l'envie de recommencer - déjà dans 4 jours, sur la voie du retour.
Et puis, il faudra se mettre au code, essayer de jouer avec ce que nous avons trouvé et ce que nous avons produit, rajouter encore et encore des choses et essayer de forcer les outils dans notre direction.
Transcan16 n'est donc pas fini. Je vais continuer mes billets.