Transcan16 - j. 3

Transcanadienne

Max the moose est la mascotte de Dryden. Chaque village à une mascotte par ici - je crois que le premier est Cochrane qui a un ours polaire. À chaque fois qu'on arrive dans un village, depuis deux jours, on guette la mascotte et on essaye de la photographier. C'est souvent raté car nous n'avons pas le temps de nous arrêter, il faut prendre la photo en mouvement.
Ces clichés ratés sont une bonne métaphore de notre voyage. Tout nous échappe, tout file sans que nous puissions vraiment le voir. Et pourtant nous sommes en train de voir quelque chose que Google Maps n'est pas capable de montrer. Nous sommes justement en train de voir tout ce que nous ratons. Nous sommes en train de nous rendre compte de l'épaisseur de cet espace, de son inépuisabilité. La promesse de Google est de tout savoir et de tout dire et cette traversée de ce qui semblait vide nous fait comprendre de façon très profonde qu'il y a un plein qui ne peut pas être épuisé - ni connu, finalement.

 

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Max the moose nous attendait donc à la sortie de Dryden pour nous dire au revoir. Photo rapide et puis on est relancé dans notre course. Une centaine de kilomètres suffisent pour se retrouver au Manitoba. Le paysage change progressivement, on se retrouve dans les prairies et on n'a pas le temps de lire quelques guides, de continuer l'histoire de Doric Germain et de calmer A. qui en a marre d'être dans sa boîte - comme sa mère appelle son siège bébé - que nous sommes à Winnipeg.
Claire Legendre twitte pour dire qu'elle est à la gare de Winnipeg sur le point de changer de train. On se précipite pour essayer de lui faire coucou. Trop tard, ici il y a un embarquement même pour les trains et quand on arrive, les quais sont fermés et Claire reste dans la voiture 12 sans que nous puissions la voir.

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Nous découvrons avec grande surprise Saint Boniface : on aurait envie de s'y arrêter - Erwan dit même qu'il voudrait y vivre. La maison de Gabrielle Roy est ouverte, visite gratuite. Je l'avais imaginée exactement comme ça, en lisant Rue Deschambault avant de venir vivre à Montréal en 2012.

La belle baguette, c'est là qu'on achète de quoi manger sur les berges du fleuve - moment bucolique auquel nous ne nous attendions pas.

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Et puis encore des prairies qui filent vite jusqu'à la première bière du voyage, dans un pub de Regina.
Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai ressenti aucun ennui en traversant les prairies - pourtant c'était justement ce sentiment que je cherchais. Il reste du temps demain - ou peut-être pour le retour...

Transcanadienne Numérique