Transcan16 - j. 1
Nous sommes partis ce matin de bonne heure. Cortazar et Dunlop étaient partis le 23 mai - 1982 -, nous le 26 mai - 2016.
Il faisait beau à Montréal. Et chaud.
Notre voiture est assez grande, mais elle n'a rien du Dragon de Cortazar.
On s'est perdu avant de sortir de Montréal - les routes les plus familières deviennent dépaysantes quand on les considère avec un regard différent - et notre regard, aujourd'hui visait loin.
Puis la route. La première considération : nous n'allons rien épuiser. Ce voyage sera plus une envie de transcanadienne qu'un épuisement. Car le plus on creuse, le plus on trouve des choses. Cet espace est plein et essayer de l'épuiser ne fait que le remplir davantage.
Il est de plus en plus plein, de plus en plus lourd. Plein de personnes, plein d'histoires qui nous échappent pendant que nous le parcourons trop vite. La nôtre sera une pensée de survol.
Heureusement qu'il y a des repères - un Tim Hortons, par exemple.
On n'a pas le temps de s'ennuyer - dommage, c'était un peu un objectif. Thierry Crouzet disait quelque part que le typique du numérique est le fait qu'il n'y a plus la possibilité de s'ennuyer. Il a raison. Sur cette route apparemment vide, nous n'avons pas le temps de faire tout ce que nous voulions. Il y a trop de choses, trop d'informations, trop de récits, trop de choses à savoir, à penser, trop de liens.
On court pour arriver à 20h30 chez Lizette à Kapuskasing. Et je n'ai même pas le temps pour écrire quelque chose. Tout ce que je voulais dire reste dans la voiture - peut-être quelque chose va revenir en rêve, d'ici demain matin.
On repart à 7h.