TefAQ... Nouvelle France ?
Pour faire ma demande de résidence permanente au Québec, j'ai besoin de passer un examen pour démontrer mes compétences linguistiques en français. Je n'aime pas cette conception de l'immigration, mais soit. Le fait que j'ai un doctorat en littérature française, obtenu à la Sorbonne, ne compte pas - ça comptait jusqu'à l'année dernière, mais la loi vient de changer, va savoir pourquoi. Je trouve cela bizarre, mais soit. J'ai été très bien accueilli ici et peux supporter de passer un examen un peu absurde : un prof universitaire de littérature française qui doit passer un examen de français - sachant que le niveau demandé est un niveau intermédiaire...
L'examen est cher (267 dollars), mais l'Université de Montréal le payera pour moi, parce que l'Université tient à ce que les profs étrangers fassent la demande de résidence permanente et pour cela s'engage à les aider.
Je dois avouer que je ne suis pas ravi de devoir perdre une matinée pour passer un examen de français, mais voyons les côtés positifs : l'examen est à Montréal - 30 minutes de chez moi -, payé par l'Université, et en plus je ne dois même pas me préparer...
J'y vais donc. Je n'avais pas du tout regardé les documents avant le jour de l'examen, je découvre tout sur place.
Première découverte : la certification est délivrée par la Chambre de commerce de Paris... Pourtant, il s'agit bien du Test d’évaluation de français adapté au Québec (TEFAQ), test qui sert pour être accepté comme résident permanent au Québec, non en France. Bizarre, non ?
Il y a peu d'endroits où l'on peut passer le test à Montréal... McGill (une université anglophone), l'école Point3 (privée) et une troisième que je ne connais pas. Mais ce qui est intéressant est que les tests sont évalués à Paris. Le Québec ne serait-il pas capable d'évaluer le niveau de français ?
Mais encore une fois : soit.
Ce qui m'achève, c'est le test lui-même. Une série de 60 questions à choix multiple par ordinateur. Le français est bien sûr parlé avec l'accent parisien. Mais surtout, les sujets sont absolument français ! On y parle de vélo en libre service à Lyon, du nom des rubriques dans les journaux français, d'habitudes et de mœurs de la société française - baguette, laïcité, métro parisien...
Quelqu'un qui aurait appris le français au Québec serait très désavantagé : à cause de l'accent mais aussi à cause des sujets, très familiers pour un français ou pour un allophone qui, comme moi, a appris le français en France et, atout supplémentaire, est né en Europe.
Une série de questions donc...
Pourquoi le Québec ne fait-il pas passer un test de français québécois ? Pourquoi est-ce la Chambre de Commerce de Paris qui fournit et corrige les épreuves ? Et s'il y a eu un appel d'offre et que la Chambre de commerce a gagné, pourquoi ne pas exiger un test vraiment "adapté" au Québec ?