In Platonis Phaedrum Scholia: 247d7-e1
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Σωκράτης
ἐν δὲ τῇ περιόδῳ καθορᾷ μὲν αὐτὴν δικαιοσύνην, καθορᾷ δὲ σωφροσύνην, καθορᾷ δὲ ἐπιστήμην, οὐχ ᾗ γένεσις πρόσεστιν, οὐδ᾽ ἥ ἐστίν που ἑτέρα ἐν ἑτέρῳ οὖσα ὧν ἡμεῖς νῦν ὄντων καλοῦμεν, ἀλλὰ τὴν ἐν τῷ ὅ ἐστιν ὂν ὄντως ἐπιστήμην οὖσαν:
Socrate
Pendant ce parcours, elle regarde en bas tantôt la justice elle-même, tantôt la tempérance, tantôt la science, mais non pas celle qui a une naissance ni celle qui change selon les différentes choses sur lesquelles elles porte et que nous appelons êtres, mais la science qui porte sur la véritable essence de ce qui est;
Platon, Phèdre, 247d7-247e1
Le sujet de la phrase est encore l’intelligence du dieu (θεοῦ διάνοια). C’est cette intelligence qui accède à ce à quoi on peut avoir accès dans l’hyperouranion. Des choses auxquelles on n’accède pas avec les sens et qu’on doit pourtant regarder. Cette intelligence regarde d’en haut vers le bas (καθοράω) et voit les essences mêmes. Elle voit des idées qui ne sont évidemment pas sensibles: les vertus comme la justice elle-même et la tempérance (σωφροσύνη). Il a été souvent question de tempérance dans les discours précédents: ici c’est comme si on voyait finalement quelqu’un dont on a beaucoup parlé mais qui est resté juste une image, une idée floue et presque légendaire. Finalement elle se manifeste, elle-même. L’effet est époustouflant.
À côté des vertus, on voit la science (ἐπιστήμη). Normalement par contre, on considère que le plan épistémologique est séparé du plan ontologique: d’une part ce qu’on sait, la connaissance, et de l’autre ce qui est, au delà et en deçà de la connaissance. Le fait de savoir est clairement divisé du fait d’être, par la simple raison qu’il peut y avoir des choses qui sont mais qui sont ignorées. Mais ce n’est pas le cas de l’hyperouranion où savoir et être sont fusionnés. L’ἐπιστήμη porte non pas sur le sensible, non pas sur les choses, mais sur l’Être en tant que tel, et elle le recouvre complètement. ἐπιστήμη et ontologie sont donc une et une seule chose.