In Platonis Phaedrum Scholia: 245a1-10
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Σωκράτης
τρίτη δὲ ἀπὸ Μουσῶν κατοκωχή τε καὶ μανία, λαβοῦσα ἁπαλὴν καὶ ἄβατον ψυχήν, ἐγείρουσα καὶ ἐκβακχεύουσα κατά τε ᾠδὰς καὶ κατὰ τὴν ἄλλην ποίησιν, μυρία τῶν παλαιῶν ἔργα κοσμοῦσα τοὺς ἐπιγιγνομένους παιδεύει: ὃς δ᾽ ἂν ἄνευ μανίας Μουσῶν ἐπὶ ποιητικὰς θύρας ἀφίκηται, πεισθεὶς ὡς ἄρα ἐκ τέχνης ἱκανὸς ποιητὴς ἐσόμενος, ἀτελὴς αὐτός τε καὶ ἡ ποίησις ὑπὸ τῆς τῶν μαινομένων ἡ τοῦ σωφρονοῦντος ἠφανίσθη.
Socrate
Une troisième forme de possession et de manie vient des Muses et, en s'emparant d'une âme douce et sacrée, l'élevant et en l'agitant d'un transport bachique vers le chant et l'autre poésie, et célébrant les nombreuses oeuvres des anciens, éduque la postérité; celui donc qui arrive aux portes de la poésie sans la manie des Muses, convaincu qu'il pourra être poète juste avec son propre art, sera incomplet et la poésie de l'homme tempérant sera dépassée par celle des ceux qui délirent.
Platon, Phèdre, 245a1-245a10
Les formes de manie sont donc trois: la première est la capacité de prévoir le futur, la deuxième celle de libérer des souffrances - grâce à la capacité de voir et comprendre - et ici on est face à une troisième.
C’est la folie des poètes, leur inspiration divine. C’est une autre forme de possession: le poète chante non pas grâce à un talent qui lui appartient, mais grâce à quelque chose qui a été mis en lui par des dieux. La technique n’y est pour rien: un être humain sera toujours inférieur par rapport à un dieu.
Encore une fois Socrate souligne le rôle de l’inspiration: la pensée et les discours ne sont pas la production d’un individu, ils viennent de l’extérieur. Il est nécessaire d’accepter de se vider de tout ce qui nous caractérise - y compris de la tempérznce et de la sagesse - pour pouvoir laisser parler cet altérité divine qui peut s’emparer de nous. La clé est donc la passivité.