Retour à Linux : technologie et liberté

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Linux

En mai 2015, après 5 ans passés sur Mac, j'ai décidé de revenir à Linux. Dans ce billet, je voudrais expliquer la raison de ma décision et proposer quelques pistes de réflexion sur la question de la liberté à l'époque des technologies numériques.

La quasi-totalité de nos pratiques passent par des moyens technologiques. Souvent ces moyens sont de propriété d'entreprises privées aux politiques diverses et pas toujours acceptables. Je ne vais pas ici résumer les enjeux. D'excellentes analyses à ce sujet sont proposées par les livres publiés par la maison d'édition L'échappée.

Je vais me limiter à deux points :

1. La technologie façonne notre pensée -> utiliser un logiciel ou une plateforme est une manière de circonscrire et structurer nos idées DONC les monopoles technologiques impliquent un monopole de la pensée et une standardisation des idées... ce qui ne semble pas super.

2. Notre droit à la vie privée est menacé si nos données sont concentrées dans les mains de quelques privés.

Or il y a deux manières de résoudre ces problèmes :

1. Celle proposée par les auteurs de L'échappée : se déconnecter, refuser les technologies

2. Essayer des usages alternatifs de ces technologies ou - encore mieux - devenir soi-même producteur de technologies

Je pense que la fuite n'est pas la meilleure solution. Je respecte ceux qui la choisissent, mais je crois que, pour que ce choix ait un sens, il faut qu'il soit radical. Cela signifie, pour faire court, s'éloigner de la société. C'est le choix de l'ascète, et ce n'est pas le mien. Je suis dans ce monde, je fais d’ailleurs partie d'une institution - une grosse - et je ne vois pas comment je pourrais m'éloigner de la société en restant cohérent. Le non usage serait, pour moi, une simple manière pour baisser les bras, pour ne pas avoir mon mot à dire.

Seconde solution donc.

Il s'agit d'utiliser des technologies libres et ouvertes, dont je puisse comprendre le fonctionnement et que je puisse adapter le plus possible à ma volonté. Mac est un système fermé et fortement normatif, il décide de nos pratiques, il les induit, il les structure et il ne nous laisse pas la possibilité de les problématiser. On est Apple ou on ne l'est pas, on ne peut pas adapter Apple. Même chose pour Windows. Donc Linux.

Ce discours vaut pour le système d'exploitation, mais aussi, bien évidemment, pour toute une série d'autres outils. Par exemple

1. Moteur de recherche - c'est ce qui décide de la pertinence des contenus, de leur valeur, c'est l'outil qui nous met en relation avec les connaissances. Est-ce que nous voulons qu'il n'y en ait qu'un?

2. Logiciels d'écriture - les dispositifs déterminent notre façon d'écrire et de penser et les formats déterminent qui décide de l'accessibilité des contenus (un fichier .doc appartient à Microsoft car c'est Microsoft qui permet d'y accéder - c'est Microsoft qui a la clé)

3. Systèmes de stockage - les données que nous déposons sur un service google ou dropbox appartiennent à ces entreprises qui détiennent l'accès et parfois aussi les droits (voir la licence google à ce propos), même chose pour toutes les autres données : photos, emails, petits textes (twitter) etc. Même chose pour toute forme de publication - scientifique ou non.
On peut toujours trouver des alternatives ou en inventer - créer un outil est très simple aujourd'hui.Plusieurs sites proposent des outils libres qui peuvent remplacer Google, Office, Facebook, Dropbox etc. Par exemple :spirale.ioPrism BreakDegooglisons InternetPrivacy Tools

Je milite en particulier pour qu'on abandonne Word pour l'écriture. Je suis en train de développer des outils pour cela. J'en ai déjà parlé sur ce blog. Ici aussi.

Je suis en train de tester DuckDuckGo comme moteur de recherche et il me semble très performant - par exemple on peut facilement accéder à des contenus en d'autres langues, ce qui est devenu presque impossible avec Google.

Or il y a quand même des désavantages à abandonner les outils mainstreem. Ou mieux, il y en a deux :

1. ça demande des efforts

2. ça diminue la productivité

Je pense qu'il s'agit plutôt d'avantages, voilà pourquoi

1. oui, les efforts sont la base de la liberté. Passer du temps à essayer de régler un problème sur Linux (la souri qui ne marche pas, le wifi qui se déconnecte, l'imprimante qui n'imprime pas... etc.) nous permet de comprendre comment les choses marchent et d'en être les maîtres.

2. Dans une société où la productivité semble être le seul impératif, perdre du temps pour trouver les bonnes solutions technologiques et pour les faire fonctionner me semble être un grand avantage. Au lieu qu'être exploités à cause des technologies qui nous permettent toujours de travailler plus, nous exploitons nous-mêmes les technologies. Perdre du temps est une des plus belle choses que puisse faire un être humain.

 

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