Ressources et documentation pour la recherche

Ecritures numériques et éditorialisation, éditorialisation, rechercheisidore, séminaire, Stéphane Pouyllau, Vincent Larivière

Deuxième séance du séminaire Écritures numériques et éditorialisation

Cette séance clôture le colloque sur les dispositifs de lecture savante organisé par Louise Merzeau.

Voici l'argumentaire de notre séance:

L’accès aux ressources et à la connaissance était, à l’origine, essentiellement basé sur les bibliothèques universitaires ou personnelles. C’est probablement l’aspect de la recherche qui a le plus bénéficié de l’hybridation et de l’ouverture des pratiques permises par le numérique. La multiplication des sources et l’intégration de contenus non-savants dans les pratiques de recherche ont ainsi autorisé une plus grande fluidité dans la circulation des idées et, potentiellement, une plus grande créativité. Cet élargissement des sources a par exemple ouvert de nouvelles opportunités pour l’élaboration d’hypothèses de recherche. Cependant, il convient de se demander si ces ressources non-savantes permettent de maintenir le niveau qualitatif requis par la communauté scientifique et si de nouvelles stratégies de validation ont été adoptées par les chercheurs pour certifier ces sources. Au regard des pratiques émergentes de veille et d’accès aux connaissances, cette séance posera la question de l’évaluation et de la légitimation des ressources par les chercheurs.

Les intervenants :

Vincent Larivière (@lariviev) est professeur adjoint à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal (EBSI) où il enseigne les méthodes de recherche en sciences de l’information et la bibliométrie. Il est également directeur scientifique adjoint de l’Observatoire des sciences et des technologies et membre régulier du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie. Ses travaux dans le domaine de la communication savante ont notamment été publiés dans le Journal of the American Society for Information Science and Technology, Scientometrics et le Journal of Informetrics.
Mots clés pour son intervention : bibliométrie, évaluation de la recherche, sociologie des sciences

Stéphane Pouyllau (@spouyllau) est actuellement directeur-adjoint technique d’Huma-Num, la très grande infrastructure de recherche pour les humanités numériques. Il a codirigé la réalisation de la plateforme de recherche ISIDORE et est à l’initiative de MédiHAL (archive ouverte pour photographies et images scientifiques). En tant qu’ingénieur de recherche au CNRS, Stéphane Pouyllau est spécialiste en humanités numériques, en information scientifique et technique et en informatisation des données de la recherche en sciences humaines et sociales.
Mots-clés pour son intervention : moteur de recherche, sémantique, Isidore

 

Et mes notes :

 

Vincent nous parle des trasformations pratiques qui ont eu lieu avec le numérique: 4 caractéristiques :

1. Facilité de création

2. Facilité de mise à jour

3. Facilité d'accès (même s'il y a une différence entre pays riches et pauvres)

4. Facilité de transmission

4 effets observables. Dans l'antiquité l'acte de création n'était pas forcement lié à l'acte de diffusion. L'imprimerie accélère la diffusion des ouvrages. Les correspondances épistolaires mettent en place des réseaux. Ceux qui sont au centre du réseau ont une fonction d'éditeurs car il diffusent et font circuler le savoir.

La revue savante de la Royal Society est une façon de rémédier les réunions hebdomadaires de la société royale pour discuter des questions scientifiques.

C'est là qu'on met en place le dispositif de l'article savant (avec l'évaluation par les pairs) : encore au début du XX, ce dispositif n'était pas complètement intégré dans les pratiques des chercheurs (Vincent nous parle des résistances d'Einstein au peer review).

Le nombre des revues est augmenté jusqu'aux années 70. Le papier a saturé dans les années 70 et maintenant le numérique fait repartir l'augmentation des revues.

1. effet Cette augmentation des revues (et la nouvelle activité de pays comme la Chine), provoque une déconcentration des citations. Les articles les plus importants, à partir des années 90 ne sont plus concentrés dans les revues les plus importantes.

2. effet Âge des documents qu'on cite. Avant les articles étaient beaucoup cités très rapidement et ensuite moins cités. Dans le numérique c'est l'inverse. L'âge des articles est plus long. On redécouvre des vieux articles (c'est contre-intuitif, mais c'est comme ça)

3. effet.  Consolidation du monde savant. La proportion des revues indépendante est en déclin. C'est dû au fait que les petites revues savantes n'étaient pas capables de passer au numérique. Ça crée de grosse concentration (ça s'est un point fondamentale pour donner envie de travailler à la déconcentration !). Les marges de profits des grands éditeurs grandissent.

4. Accès libre : même les grands éditeurs permettent l'auto-archivage. Mais le pourcentage de libre accès est différent selon les disciplines (assez bas -14% - pour les humanités). Il y a un effet pervers de l'accès libre, c'est le fait que puisque les contenus sont payés à la base, l'éditeur est porté à tout publier sans en vérifier la qualité.

À quoi servent les revues savantes aujourd'hui? Qu'est-ce qu'elles ont en plus par rapport à l'autopublication?

Aujourd'hui cela sert encore à donner un capital symbolique (hiérarchie des découvertes).

Stéphane nous présente le moteur de recherche www.rechercheisidore.fr

C'est un outil qui permet de signaler des données, des sources pour faire de la recherche. L'idée d'Isidore c'est de proposer un espace de travail où les scientifiques trouvent du matériau pour faire de la recherche relié aux publications qu'ils produisent. Au delà d'être un moteur de recherche spécialisé en SHS, isidore essaye de créer un lien entre publications et données utilisées pour faire de la recherche.

Isidore a été créé en 2010. Isidore est disponible comme plateforme et comme api et comme base RDF. Isidore s'adresse à deux public : des chercheurs (la plateforme moteur de recherche), à des spécialistes d'information (services de documentation, api). La plateforme collecte des métadonnées et indexe le texte des documents accessibles. Ensuite Isidore enrichit ces données en ajoutant des métadonnées.

On assiste aujourd'hui à une hybridation entre recherche scientifique et publications non scientifiques. C'est pourquoi on essaie d'intégrer aux articles le processus de recherche qui a porté à sa création.

Le cycle de vie des articles est en train de passer d'être la somme des connaissances à un instant précis, aujourd'hui l'information scientifique  coule comme de l'eau de façon continue.

http://m.rechercheisidore.fr/ est un système d'éditorialisation. Une façon d'utiliser les données de la plateforme isidore.

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Questions: est-ce que rechercheisidore est un dispositif d'autorité? Oui, sans doute en partie - il y a plusieurs producteurs de données qui demandent à être indexés.

On peut avoir des modèles hybrides de validation des contenus - les anciens modèles coexistent avec les nouveaux.

Il y a un vrai enjeu au niveau des métadonnées. On est encore loin d'avoir des bonnes métadonnées partout. Cette différence de qualité fait le jeu des moteurs de recherche algorithmiques comme Google mais ça dessert les moteurs sémantiques.

La question des communautés et des réseaux sociaux autour de la communauté savante ressort comme une question fondamentale.

Gérard parle de "conversation connaissance". Louise dit qu'il est nécessaire un aspect événementiel pour déclencher la conversation et le débat et donc la création de communautés.

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