Le scandale des publications savantes
Une réaction à chaud sur l'accord que la France a conclu avec Elsevier (plus d'infos ici).
Comme je l'ai déjà souligné, le système des publications savantes est scandaleux. Nous payons au moins deux (parfois quatre) fois ces contenus et tout cela dans une période de crise.
1. Les chercheurs sont payés pour produire leurs articles et leurs livres (par l'université qui est très souvent, au moins en France et au Québec, publique)
2. Les éditeurs sont payés pour la publication (avec des fonds de recherche ou avec des subventions pour l'édition savante)
3. Ensuite ces contenus sont achetés par les institutions (bibliothèques en premier)
4. Souvent les chercheurs et les étudiants sont obligés d'acheter, eux-aussi, ces contenus (car l'accès à la bibliothèque n'est pas toujours suffisant si on travaille longtemps sur un document)
Comme le souligne Lionel Maurel, avec ce que la France a donné à Elsevier (172 millions d'euros), on aurait pu payer 850 chercheurs pour 5 ans ! Et si ces chercheurs mettaient ensuite les résultats de leur recherche sur leur blogue, avec ces 172 millions, on aurait aussi payé la diffusion de milliers d'articles (outre leur production) !
Tous ces financements pour diffuser des contenus qui, à cause de ce modèle pervers, sont très peu visibles. Un billet de blogue est lu par des milliers de personnes (même sur un blogue comme le mien, pourtant peu populaire). Un article publié sur une revue savante qui n'est pas en accès libre est lu par une dizaine de personnes (en conséquence, les discours sur les facteurs d'impact sont complètement délirants).
D'ailleurs, puisque les contenus sont généralement déjà payés, les éditeurs n'ont aucune bonne raison de s'impliquer dans leur diffusion. Ils peuvent déjà vivre avec les financements, auxquels s'ajoutent les abonnements institutionnels.
Je ne vois qu'une solution : arrêtons de lire et de citer tout ce qui n'est pas en accès libre. Et arrêtons de considérer les contenus publiés en accès payant à des fins de carrière : que les chercheurs soient évalués pour ce qu'ils publient en open access - et que les comités d'évaluations lisent ces contenus, comme le propose Jean-Claude Guédon).