La conjoncture médiatrice : de l'intermédialité à la métaontologie

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Jean-Marc Larrue et moi travaillons depuis quelque temps sur la notion de conjoncture médiatrice. La conjoncture médiatrice est l'ensemble mouvant des circonstances, des forces, des éléments qui convergent au moment de l'action. La caractéristique de la conjoncture médiatrice est de ne pas être une structure, de ne jamais rester figée, de caractériser l'instant en tant que flux et d'être donc insaisissable. La conjoncture médiatrice est l'environnement de l'action et elle influence donc l'action, elle en est, on pourrait dire, le contexte et aussi le sens. La conjoncture médiatrice en tant qu'environnement réalise la médiation qui permet l'action, mais en même temps il n'y aurait pas de conjoncture médiatrice sans action car l'action en fait partie - la conjoncture médiatrice se meut avec l'action, elle est faite d'action.
Prenons un exemple : je suis dans une salle, dans le noir, debout et immobile lorsque la lumière s'allume. Devant moi, en contrebas, un groupe de gens me regarde, je les vois mal car la lumière est dirigée vers moi. En ce moment, je suis en train de parler. C'est ce texte même que je dis, celui que vous êtes en train de lire, c'est ce mot que vous lisez en ce moment même que je prononce.
La conjoncture médiatrice - fictive, dans ce cas précis, car je suis devant mon ordinateur dans une chambre d'hôtel à Athènes - est tout ce qui m'entoure au moment de cette action. On pourrait l'appeler "théâtre", mais cela signifierait la figer dans une immobilité qui n'est pas la sienne.

Or le problème de cette notion est qu'elle n'a de sens que parce qu'elle se trouve dans l'instant même du mouvement, dans le flux du réel. Cet instant - qui est notre réalité, n'est pas saisissable. Dès qu'on essaie de le dire, il s'échappe. Il refuse la conceptualisation. Ce n'est pas un ici et maintenant - car l'ici et maintenant est un objet devant nous, une présence qui peut être saisie en tant que telle. Ce n'est pas un in-stant (ce qui se trouve ici et maintenant), mais un ex-stant, l'exaiphnes de Platon.

La question que l'on peut se poser est alors : s'il n'est pas saisissable, pourquoi en parle-t-on? Pourquoi parler de la conjoncture médiatrice si l'on ne peut pas la saisir?

Mon idée est que le but n'est pas de saisir la conjoncture médiatrice, mais de l'exprimer. La position que j'assume est une position métaontologique : un discours sur le discours sur l'être qui essaie d'exprimer ce qui n'est pas saisissable. La métaontologie performe la conjoncture médiatrice. En cela, l'approche métaontologique est différente de l'approche intermédiale. L'idée de l'intermédialité est de saisir l'entre-deux. L'intermédialité considère que la réalité se trouve entre deux choses, qu'il n'y a pas de médias, mais seulement un "entre les médias". Que ce "entre les média" est un processus et que ce processus est une remédiation, à savoir un échange entre deux choses qui ne s'affirment jamais en tant que deux choses si ce n'est dans cet échange. L'intermédialité essaie de saisir l'"entre des médias", la métaontologie essaie d'exprimer la conjoncture médiatrice en la performant.

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