Charlie Hebdo
Je n'ai pas de choses intelligentes ou inédites à dire. Ce qui s'est passé ne donne pas la possibilité de développer une analyse pertinente. Au fond, je suis sans moyen. Tout discours risque d'être trop banal ou trop idéologique.
Pourtant je suis profondément convaincu de la nécessité d'écrire, aujourd'hui, peu importe quoi, peu importe la qualité et la vérité de ce que je pourrai rédiger. Aujourd'hui il faut écrire pour exprimer nos doutes, nos réflexions, même si ces dernières sont vides, même si celles-ci n'apportent pas de réponse, ou donnent de fausses réponses et proposent de fausses analyses. Mieux vaut un discours mal argumenté que le silence, mieux vaut un propos discutable que la peur.
J'espère que la mort de ceux qui ont toujours cru à leur droit de penser nous pousse à nous rendre compte que nous devons tous être fiers d'avoir ce droit et qu'il est de notre devoir de l'exercer : il est de notre devoir de penser, d'écrire et de ne jamais avoir peur de dire ce que nous pensons.
Ce qui s'est passé ne remet pas en cause ce droit et ce devoir, cela ne fait qu'accroître notre conscience. Fermer, avec la violence, la gueule de ceux qui pensent n'a jamais servi qu'à multiplier la force de leurs propos.