Ce qui pourrait être autrement: pas de lois

anarchie, lois, Marguerite Yourcenar, éducation

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Il faut l’avouer, je crois peu aux lois. Trop dures, on les enfreint, et avec raison. Trop compliquées, l’ingéniosité humaine trouve facilement à se glisser entre les mailles de cette nasse traînante et fragile.

Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien.

Ces mots, que Marguerite Yourcenar met dans la bouche de l’empereur Hadrien, résument bien l’injustice intrinsèque des lois. Elles ne valent que pour les plus faibles. Elles servent fondamentalement à faire peur aux personnes conscientes de n’avoir aucun recours. Les puissant.e.s, les riches, les privilégié.e.s savent pertinemment comment contourner la loi et s’en sortir sans encombre. La loi contribue par conséquent à maintenir les inégalités et les injustices.

Si une loi est juste et que ses principes sont équitables, son existence est inutile: elle pourrait être remplacée par l’éducation. Qui comprend les principes derrière une loi juste la respectera, non pas parce que c’est la loi, mais parce que le comportement qu’elle implique profite au collectif. Promulguer une loi incompréhensible, pour tout ou partie de la population, relève d’une pratique condescendante et inégalitaire impliquant d’un côté des auto-proclamé.e.s “sachant.e.s” et de l’autre des ignorant.e.s à qui - à défaut de pouvoir expliquer, ils sont incapables de comprendre - on impose.

Les défenseur.e.s de la politique réelle diront qu’il n’existe pas d’alternative et qu’une société sans loi n’a jamais fonctionné. C’est nier ici l’évidence du fonctionnement d’un collectif (peu importe sa taille). Dans notre vie quotidienne, la grande majorité de nos actions et de nos choix ne sont pas basés sur la volonté de respecter les lois, mais plutôt sur celle de faire ce qui nous semble le plus sensé. Je ne vole pas l’ordinateur de ma voisine, je ne traverse pas lorsque le feu est rouge, je ne tue pas mes collègues, j’essaie de bien préparer mon cours, je dis de préférence la vérité, je ne mords pas mon doyen, j’attache ma ceinture de sécurité en voiture et je porte mon casque en vélo… non pas parce que je sais qu’une loi prescrit ou condamne ces comportements, mais parce que je crois que c’est une bonne idée d’agir de cette manière.

Par ailleurs, je ne sais pas si au Canada le port du casque est obligatoire en vélo. Nous avons commencé à attacher nos ceintures en voiture non pas à cause de la loi et par peur des amendes, mais parce qu’avec le temps nous avons compris que, bien que contraignant, le port de la ceinture avait des avantages certains. Comment en sommes-nous arrivés à cette conclusion? Parce qu’on nous l’a expliqué, parce qu’on a investi en éducation.

Arrêtons d’accroître les postes de législateur.rice.s ou de policier.e.s: créons-en plutôt pour des enseignant.e.s.

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