Ce qui pourrait être autrement: cultiver notre jardin

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Cela est bien dit, répondit Candide, mais il faut cultiver notre jardin

Voltaire, Candide

Vendredi 16 avril j’ai été invité au séminaire Arcanes par Renée Bourassa, Jean-Marc Larrue et Samuel Szoniecky. Nous discutions de l’importance de produire collectivement les espaces que nous habitons et, plus en particulier, les espaces numériques qui constituent de plus en plus notre principal cadre de vie. Ces espaces deviennent au contraire le produit de pouvoirs centraux, détachés des collectifs et des communautés. Nous habitons dans l’espace des GAFAM.

Il faut par ailleurs souligner la continuité des espaces numériques et non-numériqueis (si jamais il y a aujourd’hui un espace “non-numérique”, ce que je doute): il suffit de regarder comment les rues de certaines villes ont été envahies par les trottinettes Uber ou comment des quartiers ont été reconfigurés par Airbnb pour s’en rendre compte.

Naïf serait de croire que les pouvoirs publics peuvent nous protéger de cela. Ce ne sont pas les règles “anti-google” ou “anti-amazon” qui vont nous sauver. Elles ne sont que de négociations économiques entre les États et les grosses compagnies et elles n’ont rien à voir avec la protection d’un espace proprement public. La vérité est que les pouvoirs étatiques ont désormais formé une alliance stable et inébranlable avec les pouvoirs des grandes entreprises numériques. Les GAFAM aident les États à nous tracer, à nous contrôler, à canaliser nos actions, à nous rendre complètement passifs. L’exemple des applications de traçage pour le covid et du passeport sanitaire me semblent même trop parlants.

Quelle est donc la solution? Il faut cultiver notre jardin. Il faut produire des espaces qui nous appartiennent et dont nous soyons les acteurs principaux. Des espaces dont les règles soient activement négociées par qui les habite. Qui désigne ce “nous”? Des collectifs dynamiques et ouverts, rassemblés par des actions, des visions du monde, des objectifs. Non pas des communautés définies, mais des mouvements.

Samuel soulignait que cultiver notre jardin demande des efforts. Et c’est justement l’envie d’éviter ces efforts qui fait la fortune des GAFAM et des autres grands pouvoirs (j’en ai parlé dans quelques billets sur l’adjectif “intuitif”).

Oui, cela demande des efforts de cultiver son jardin. Cela demande des efforts l’émancipation. Cela demande des efforts, la liberté. Mais cet effort est aussi un plaisir, non?

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