Ce qui pourrait être autrement: ironie et contradiction

conspirationnisme, rationalité, théorie du complot, ironie, Sigmund Freud, Ignacio Matte Blanco, Francesco Orlando, Leo Ferrari

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By means of round pacifiers, well-rounded routines, round rattles and (later) round balls, an adamantine bondage is established in the infantile mind between the shape of sphericity and social approbation.

Leo Charles Ferrari (1975). “Feminism and education in a Flat Earth perspective”. McGill Journal of Education. X (1): 77–81.

Quelle est la place de l’ironie dans notre réflexion et dans l’émergence de l’esprit critique?

Je repense à Francesco Orlando et à sa théorie freudienne de la littérature. Orlando soutenait que dans la littérature on peut retrouver les structures formelles de l’inconscient freudien. En s’appuyant sur Ignacio Matte Blanco, il pensait la littérature comme “le lieu imaginaire d’un retour du réprimé”. Il ne s’agit pas d’une lecture psychanalytique, mais d’une analyse purement logique. La littérature est transgression de l’impératif rationnel auquel nous sommes habitué à obéir depuis l’enfance. L’éducation consiste justement à nous entraîner à la logique et au respect du principe de non contradiction. Cette éducation produit un interdit qui s’exprime dans l’impératif rationnel.

La littérature est l’un des lieu privilégié où le refoulé refait surface. L’ironie est clairement une figure rhétorique qui manifeste ce retour du refoulé: dans la même phrase on dit une chose pour signifier son contraire.

Cela produit une jouissance car cela permet de violer l’impératif rationnel tout en ayant l’air de le respecter (c’est ce qu’Orlando, en suivant Freud, appelle “formation de compromis”). Pourquoi ce plaisir? Parce que, depuis enfants, nous comprenons très bien que l’impératif rationnel est nécessaire, mais qu’il a des limites. La logique qui régit notre raisonnement est nécessaire, mais la contradiction habite le monde. La violation de l’impératif rationnel nous permet d’expérimenter les limites de la logique. Cela commence avec les jeux de langage des enfants… et ça arrive jusqu’aux théories du complot.

L’ironie est donc une forme de transgression. De cette manière elle peut aussi devenir une forme de résistance.

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