Ce qui pourrait être autrement: détruire les frontières
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Les frontières nationales sont une des plus grandes violences et injustices de notre monde, peut-être la pire. Comment peut-on en supporter l’idée même? Elles permettent fondamentalement de laisser les pauvres avec les pauvres et de protéger les riches, elles sont les clés d’un système pour opprimer et limiter la liberté.
À l’université, j’étais ami avec un “clandestin”. Il était venu en Italie à pied, il n’avait pas de papiers. Il travaillait au black, exploité par ses patrons qui pouvaient se permettre de ne pas le payer - il ne pouvait de toute manière rien faire pour se défendre. Il vivait avec nous, une bande d’étudiants. Il avait notre âge, parlait plusieurs langues, était malin et sympathique. Mais lui vivait dans l’angoisse: dès qu’il sortait, la police pouvait l’arrêter. Il n’avait aucun droit. Il ne pouvait pas étudier, il ne pouvait pas conduire une voiture, il ne pouvait pas tomber malade, il ne pouvait pas louer un appartement. Sur quelle base? Sur la base d’un bout de papier qui disait qu’il n’était pas italien.
Comment pouvons-nous tolérer cela? Comment est-ce tout simplement possible de parler de justice quand subsistent des frontières? Comment pouvons-nous imaginer une quelconque différence entre des partis politiques qui tous conservent ces délimitations arbitraires?
Encore une fois, pas d’amélioration en vue: les “crises” permettent aux États de rendre les frontières encore plus violentes, encore plus injustes et encore plus imperméables - pour celles et ceux qu’on ne veut pas faire passer, les riches et les privilégié.e.s pourront toujours circuler.
En 2001, le terrorisme a été l’excuse pour mettre en place une série de mesures renforçant les frontières. Aujourd’hui, c’est la pandémie.
Détruire les frontières devrait être notre premier objectif politique.