Ce qui pourrait être autrement: tou.te.s flics!

anarchie, police, brigades, armée, Benoît Melançon

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Si cette crise a produit des vocations, ça ne sera pas en premier des infirmier.e.s ou des médecins, mais des flics. Plus de flics, plus de contrôles, plus d’auto-contrôle. La délation est devenue un impératif moral, une pratique de bon.ne citoyen.ne, une manifestation du sens civique.

Nous allons crever sans place dans les hôpitaux, mais en sécurité, bien surveillé.e.s par les policier.e.s et nos concitoyen.ne.s qui sauront nous infliger des amendes si nous baissons nos masques, nous dénoncer si nous sortons à 20h01 pour jeter les poubelles ou promener notre chien.

Le Canada paye des entreprises de sécurité privées pour fliquer les voyageur.se.s à leur retour et contrôler qu’ils et elles restent à la maison. Investissement très opportun. Lorsqu’une pandémie se déclenche, il est certain que le meilleur investissement n’est pas la santé, mais la police.

À l’Université de Montréal nous avons une “brigade étudiante” chargée de contrôler les étudiant.e.s. “Brigade” !. Je ne suis pas un expert de la langue, j’aurais ici besoin de l’aide de mon collègue Benoît Melançon, mais ce mot me semble avoir une forte connotation militaire. Le TLF dit: “Unité formée d’un nombre variable de régiments, de corps de troupe, placée sous l’autorité d’un chef unique et elle-même intégrée à une unité supérieure”. Ce type de langage n’est-il pas un peu effrayant? Militarisons les étudiant.e.s pour qu’ils et elles s’autofliquent.

En Italie, il y a un an, les cadavres des mort.e.s du COVID était transportés par des véhicules de l’Armée. L’image a été utilisée pour montrer à quel point la maladie était meurtrière. Moi, j’y ai vu autre chose: nous avons plus de chars d’assaut que d’ambulances. Si on avait investi davantage en santé qu’en armée, on aurait eu plus de lits en réanimation, moins de mort.e.s et des cadavres transportés par des véhicules appropriés.

Mais non, on sortira - sortira-t-on? - de cette crise avec encore plus de militaires, encore plus de police et surtout une mentalité de flic. Les scènes de citoyen.ne.s en agressant d’autres parce qu’ils ou elles trouvent que leur masque n’est pas mis correctement se multiplient.

La terreur que les médias et les gouvernements nous ont transmise nous fait devenir violent.e.s et irrationnel.le.s: il nous faut punir quelqu’un, les méchant.e.s responsables. Donc il nous faut plus de police. Pourtant, les responsables sont justement celles et ceux qui multiplient les policier.e.s, les gouvernements qui depuis des décennies dépensent l’argent pour payer des armées, des chars blindés, des flics au lieu de construire des hôpitaux et des écoles.

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