Ce qui pourrait être autrement: la fin de la culture française?
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Vedo la storia della Francia come una successione periodica di polemiche dal 1600 al 1900; se penso che la cultura francese sia finita è perché dopo il 1960 nessuno più è andato in soffitta, i santoni del 1960 sono ancora i santoni di oggi e questo è un pessimo sintomo, sento odore di putrefazione quando succede una cosa simile in Francia.
Je vois l’histoire de la France comme une succession périodique de polémiques à partir du XVIIe siècle jusqu’au XXe siècle; si je pense que la culture française est finie, c’est parce qu’après 1960 il n’y a plus personne qu’on a mis au grenier, les gourous de 1960 sont encore les gourous d’aujourd’hui, et cela est un très mauvais signe; quand une chose pareille arrive en France, je sens une odeur de pourri.
Conversazione con Francesco Orlando
Je ne sais pas si cette affirmation un peu radicale d’Orlando est vraie et surtout si elle est encore vraie (j’en parlais dans un billet de blog sur la métaontologie). Mais elle fait réfléchir au rapport entre pensée et institution. Orlando haïssait les penseur.e.s sur lesquels s’est basée la French theory (pour faire court). Il les détestait pour leur rapport au réel - lui matérialiste, marxiste et structuraliste pensait que la littérature était fondée sur son rapport au réel et méprisait les auteur.ice.s du post-structuralisme.
Mais ce n’est pas le point qui m’intéresse ici. Ce qu’il souligne dans sa phrase est le fait que, paradoxalement, les penseur.e.s de la différence et de la multiplicité sont devenus des gourous et - on peut ajouter - le centre de l’activité et de l’intérêt des institutions. Derrida, Barthes, Foucault, Kristeva… ces pensées se sont cristallisées, sont devenues institution. C’est le destin de toute pensée influente: elle se fige, elle s’institutionnalise, elle perd ainsi sa force créatrice.
La France, pour Orlando, était un lieu dont les institutions bougeaient plus vite qu’en Italie. C’était là sa force. Et peut-être il a raison en disant que la culture française est finie, dans le sens où, une stagnation institutionnelle certaine fait en sorte que la France n’est plus le grand exportateur de culture qu’elle a été pendant quelques siècles.