Ce qui pourrait être autrement: fausses révolutions

anarchie, révolution, révolution numérique, Giuseppe Tommasi di Lampedusa, Gustave Flaubert

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Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi.

Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change

Lampedusa, Il gattopardo

On abuse du terme révolution: utilisé par les médias, mais aussi dans le domaine de la recherche pour parler des changements qui semblent toujours radicaux à qui ne sait pas les comprendre dans leur continuité. Il n’y a pas de révolution, il y a toujours des changements lents d’ensembles de forces qui ensuite se combinent de manière complexe.

Ainsi, il n’y a pas une révolution numérique, chaque pratique, chaque plateforme, chaque expérience s’inscrit dans une histoire longue et continue. Par ailleurs, souvent, le plus on crie à la révolution, le plus on est en train de répliquer des structures très conservatrices. La rhétorique de la révolution fait bon jeu pour les conservateurs - comme le savait très bien le prince de Salina dans le Guépard: “si nous voulons que tout reste tel que c’ est, il faut que tout change”. Lampedusa parlait du passage des Bourbons aux Savoie en Italie du sud lors de l’unification italienne, mais de combien de révolutions pourrait-on dire la même chose? La phrase de Lampedusa pourrait, pour faire un autre exemple littéraire, bien résumer le sentiment des personnages de l’Éducation sentimentale de Flaubert qui vivent la révolution de juillet 1830 qui mènera au pouvoir un “roi bourgeois” et ensuite celle de 1848 qui, après quelques semaines d’espoir, remettra au pouvoir les mêmes riches puissant d’avant. Les républicains du lendemain, comme Dambreuse, changeront leur discours pour rester au pouvoir et faire en sorte que surtout rien ne change.

Et notre révolution numérique ne fait-elle aussi tout changer pour que tout reste comme avant? Un capitalisme sans bornes, des grands pouvoirs forts et centralisés, des différences croissantes entre riches et pauvres… Les rêves anarchises des années 1990 semblent tellement loin.

Est-ce possible de penser la révolution autrement? Une révolution qui change vraiment les choses?

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