Il est peu habituel pour des médias qu’on dit généralement « alternatifs » (donc nécessairement, quelque part « de gauche » pour la pensée commune !) de donner la parole aux femmes et aux hommes politiques, qui plus est « de droite ». Et pourtant, la clique du CLIC, le Collectif Local d’Informations Citoyennes vient de réaliser des entretiens avec tous les candidats aux primaires de l’UMP. Mais que sont-ils donc allés faire dans cette galère ? Pourquoi Sens Public, Forum de Lyon, le Lyon Bondy Blog, Radio Pluriel, Free Landz… se sont-ils lancés dans cette aventure hors du commun qui n’est pas sans risques pour eux ?
Pas sans risques, car déjà, parmi nos lecteurs et auditeurs, montent les bruits des interrogations, des incompréhensions. « Vous faites la com’ de l’UMP maintenant ? ». Non, pas de communication, sinon pour l’action que nous menons qui, à mesure de la campagne des élections municipales de Lyon et des communes alentours tentera de rencontrer également les candidats de tous bords. Pas de communication, juste de l’information, brute, pour permettre à tout un chacun d’exercer son jugement citoyen.
Ces médias ne se définissent pas par un attribut vaguement politique – « de gauche », pas plus que par le qualificatif « alternatif » qui ne désigne rien de précis sinon la proposition d’une autre forme de presse, détachée des enjeux commerciaux. Ils sont médias associatifs et se définissent aujourd’hui comme « médias citoyens ». Médias au service de la citoyenneté, de la démocratie, de l’intérêt général. Médias d’éducation populaire au service de l’émancipation citoyenne. A ce titre, ils sont légitimes à donner à leurs publics une information de qualité. Une information qui leur donne un complément à celle des médias de masse traditionnels.
Qui d’autre qu’eux ira demander aux candidats ce qu’ils pensent du sort des sans-abris ou de celui des Roms, les interroger sur le racisme, la xénophobie, l’islamophobie et l’antisémitisme croissants ? « CLIC pour 2014 » a donc clairement une vertu pédagogique. D’autant plus que dans le cas des primaires UMP, par le biais de ces questions à cinq personnalités représentatives du parti d’opposition, le lecteur électeur peut se faire une idée bien précise de la pensée de chacun, appréhender peut-être davantage la complexité d’un paysage politique mouvant, dont les lignes en constante mutation ne correspondent plus véritablement à la représentation qu’on nous en donne encore.
Les entretiens ne se passent pas sous une forme artificiellement polémique, comme on le voit souvent. Ils proposent uniquement des questions, précises, sur des thématiques préoccupant nos médias, leurs rédacteurs, leurs publics, et livrent les réponses des invités à l’esprit critique de chacun. Ici, l’objectif n’est pas de mettre en scène notre propre avis sur ces questions ou une polémique spectaculaire (ce qui n’empêche pas chaque média participant d’exercer sa liberté éditoriale dans sa publication) mais juste d’éclairer utilement le citoyen.
Ce n’est qu’un début, pour l’équipe du CLIC, comme pour les politiques, ne sont que les prémices d’une longue campagne. L’action médiatique va s’intensifier, s’enrichir d’analyses diverses, s’élargir à d’autres communes. A la fin de la campagne, les contenus textes, audios et vidéos mis en ligne constitueront une base de ressources unique en son genre.
Thierry Borde